À l’extrême est du département, au coeur d’une forêt aux odeurs délicates, Parçay-les-Pins abrite une pépite méconnue, hommage contemporain à son plus fameux enfant : Jules Desbois, né en 1851. Il n’a ni le lustre, ni l’aura de ses amis, Auguste Rodin ou le critique culinaire Maurice Curnonsky, mais l’homme tient une place toute particulière dans l’histoire de la sculpture. C’est cette place que réhabilite le musée Jules-Desbois, créé par une association au début des années 1980 et passé sous l’égide de la commune en 2001. Conférences, visites spécifiques pour les scolaires et les familles, concerts ou expositions temporaires animent depuis cet établissement labellisé « Musée de France » conventionné avec le Département.
Édifié sur un ancien hôtel, le lieu a conservé le charme de l’authentique. « Les volumes et la rusticité des murs évoquent la réalité de l’atelier d’un sculpteur à la fin du XIXe siècle », explique la conservatrice départementale des musées Sophie Weygand. C’est là que sont exposées les œuvres monumentales de Jules Desbois, « La Misère », mais également le modèle de moitié de « La Bataille de Valmy », conçue pour le Panthéon, à Paris.

Un précurseur de l'art moderne
Artiste de son temps, Desbois est un héritier de la Renaissance en même temps qu’un précurseur de l’art moderne, comme le fut Claude Debussy pour la musique. C’est ce que le musée traduit : 120 pièces y sont présentées, façonnées dans la pierre, le cuivre, l’étain, le bronze ou la terre cuite. Sculptures et objets d’art décoratif célèbrent le corps humain avec puissance et réalisme à travers un parcours de sept salles. Une approche thématique et non chronologique – Desbois revenant sur plusieurs thèmes tout au long de sa carrière – qui illustre les grandes orientations et les obsessions d’une vie. « Les questions de l’échelle et des matériaux l’ont beaucoup intéressé, comme celle de l’empreinte matérielle ou du mouvement », décrypte Sophie Weygand.
Parti en 1935 sans enfant, ni famille, Jules Desbois est tombé peu ou prou dans l’oubli. Dans l’ombre de Rodin, avec lequel il a beaucoup collaboré et qui le portait en haute estime, l’artiste angevin a pourtant composé une œuvre remarquable et foisonnante, dans ses ateliers successifs de Montrouge ou d’Auteuil. « Desbois était un grand praticien, quelqu’un qui travaillait constamment, un perfectionniste avec un art du modelé extrêmement fort, relève Sophie Weygand. C’était aussi un artiste très honnête, fidèle à son modèle, qui transformait la réalité pour lui permettre de s’exprimer. »
La DAMM regroupe trois musées insolites : le musée Jules-Desbois, celui de Joseph-Denais à Beaufort-en-Anjou et le musée d’Art et d’Histoire de Baugé-en-Anjou.