Peignes romains, vases peints, ossements... le Maine-et-Loire détient plus de 5 700 objets historiques classés (n°1 régional). Tous sont issus de fouilles archéologiques réalisées depuis les années 1960 dans le département, et précieusement gardés au Pôle archéologique de la conservation du Patrimoine.
Dans ce service départemental implanté rue de Frémur, ces découvertes et les rapports scientifiques associés sont conservés dans quelque 6 000 caisses, sur 4 000 mètres linéaires. Un véritable trésor -dit mobilier archéologique- que les professionnels de ce service sont chargés d'inventorier cette année. Missionné par la Drac des Pays de la Loire (Direction régionale des affaires culturelles), responsable de ce mobilier, les experts départementaux ont ainsi entamé en 2019 un gigantesque inventaire. Compter, répertorier précisément le contenu de ces 6 000 caisses....ces étals regorgent d'histoire. Voici une (micro) sélection de ces trouvailles archéologiques.
Comment jardinait-on au Moyen Âge ?

Ce récipient en terre cuite de la fin du Moyen Âge (XIIIe-XVe siècle) est nommé chantepleure, l’ancêtre de l’arrosoir. Cet exemplaire, découvert à Angers en 1984 lors d’une fouille archéologique rue Bressigny, présente un fond plat percé de petits trous. Une fois immergée, la chantepleure se remplit et retient l’eau si l’ouverture supérieure est bouchée. Lorsque l’on relâche la pression du doigt, l’eau s’écoule en pluie.
Barbiers de l'antiquité

Ce petit objet en fer mis au jour dans le bourg d’Andard, équivalents de nos actuels ciseaux, servaient notamment dès l'époque gallo-romaine pour égaliser la barbe. Ces « ciseaux », particulièrement bien conservés, sont faits d’une seule pièce de fer. Les deux lames s’activent grâce à l’extrémité qui fait office de ressort. Une version de plus grande taille servait dans les travaux agricoles, notamment pour la tonte des moutons.
Boutons de nacre

Ces restes de coquillage ont été découverts à l’Abbaye de Fontevraud, dans le Saumurois. Il s’agit de rebuts de production de bouton en nacre réalisés à partir de coquillages exotiques. On observe nettement les négatifs d’enlèvement des boutons sur les bords du coquillage. Ils ont été fabriqués entre 1860 et 1932 par des prisonniers travaillant dans des ateliers situés dans la Maison de détention de Fontevraud. Ces boutons étaient destinés à être vendus pour une société extérieure.
Pains à sucre

Cette céramique était utilisée pour le raffinage du sucre; elle servait à décanter la mélasse, un sirop résultant de la fabrication du sucre. Ce moule justement nommé à « pain de sucre », présente une forme conique dont le fond pointu est percé pour permettre au jus d’extraction de s’écouler. Ce procédé contribuait à séparer la mélasse du sucre permettant à ce dernier de refroidir et de cristalliser. Ce type d’objet, connu entre le XVIe et le XIXe siècle, arrivait en tonneau depuis les Antilles. Découvert lors des fouilles archéologiques de la collégiale Saint-Martin d’Angers, cet exemplaire a été réutilisé comme vase acoustique dans la maçonnerie de la voûte du chœur pour amplifier les sons pendant les offices.
Gouttes de verre

Ces gouttes de verres sont des rejets de production qui ont été mises au jour dans un ancien atelier de verrier. En contexte archéologique, ces résidus constituent parfois les seuls témoignages de certaines activités artisanales. Ces restes ont été découverts lors de la fouille d’un quartier gallo-romain sur la commune de Mazières-en-Mauges dans des niveaux du IIe – début du IIIe siècle de notre ère.
Photos : Hélina-Rose Louchart - Département de Maine-et-Loire