Qu’est-ce qu’une plante médicinale ?
Matthieu Chassaing : « Une plante qui a des propriétés soignantes, tout simplement. Celles-ci viennent à la fois d’un usage populaire – certaines plantes sont utilisées depuis plus de 3 000 ans – et d’autres sont reconnues par la médecine. La digitale, par exemple, soigne le coeur, mais est toxique en tant que telle, et ne peut donc pas être manipulée par tout un chacun. À l’inverse, le lierre terrestre est expectorant et soigne les affections bronchiques. Il peut être utilisé par tous pour traiter la toux, mais n’a pas été “retenu” par les médecins, ni par les laboratoires pharmaceutiques. Selon les plantes, elles peuvent être utilisées en externe, sous forme de macérât huileux, de baume, ou par voie interne. Je travaille beaucoup sur la tisane, parce que c’est facile, pas cher et accessible à tout le monde. »
Y a-t-il un renouveau des plantes médicinales ?
M. C. : « Les enquêtes montrent que l’on assiste à un retour au naturel. Certains scandales sanitaires ont créé une défiance dans l’opinion publique. De plus en plus de personnes consomment des plantes sauvages et s’intéressent petit à petit à leur usage médicinal. Cependant, les herboristes ne remplacent pas les médecins. »
Trouve-t-on en Maine-et-Loire des plantes particulières ?
M. C. : « Il n’existe pas de tradition de cueillette en Anjou, contrairement aux massifs montagneux, par exemple. Mais les Pays de la Loire sont la première région en France en matière de diversité d’espèces médicinales produites dans les cultures. Il existe également un panel de plantes sauvages énorme : j’en détiens environ 40 espèces différentes chez moi ! Ici, nous sommes au carrefour de plein de climats différents. Depuis l’interdiction des produits phytosanitaires dans l’espace public, on commence même à retrouver des plantes médicinales au pied des immeubles. Les mauvaises herbes, ça n’existe pas ! »
Quelques conseils pour les lecteurs qui aimeraient s’essayer à la cueillette ?
M. C. : « Se former à la botanique et à l’usage des plantes en amont : entre les années 1970 et 2000, on a perdu 30 ans de savoir populaire en changeant nos pratiques. Et suivre une règle simple : quand on n’est pas sûr, on ne cueille pas ! »