C’est la quatrième fois que Marie-Jeanne et Jacques Rabineau montent et démontent leur cuisine. « Cette fois-ci, elle devrait rester là un moment », assure Madame. Le couple de sexagénaires a posé ses valises aux Alleuds cet été. Il occupe l’un des dix nouveaux logements créés impasses des Mimosas et des Magnolias par le bailleur social départemental Maine-et-Loire Habitat. Arrivés d’Ariège, ces retraités dynamiques cherchaient surtout à se rapprocher de leurs enfants, mais ils ont hâte de découvrir leur prochaine facture d’énergie. Car, dans ce nouveau quartier, le bâti a été pensé pour être économe. « Nous avons deux panneaux solaires sur le toit et une chaudière thermodynamique », présente Jacques. L’isolation a aussi été renforcée, et un conduit posé pour faciliter l’installation d’un poêle. Les sept logements de type 3 construits ici ont été pensés ainsi. Céline Brogard occupe un type 4. Avec trois enfants, il lui fallait ça. « C’est plutôt le volet économique qui m’a encouragée à formuler une demande pour décrocher un logement dans ce quartier, souligne cette professeure des écoles. Mais petit à petit, je me sensibilise à la question énergétique. » Elle qui a longtemps habité de vieilles maisons en pierre, très énergivores, espère éviter ici les mauvaises surprises.
Aux Alleuds, le nouvel éco-quartier a vu le jour dans une démarche de développement durable.
Innovants et moins consommateurs d’espace
Dans les Pays de la Loire, plus de 13 % des ménages dédient plus d’un mois de revenus, chaque année, au paiement de leur chauffage. En Maine-et-Loire, 46 360 foyers seraient en situation de vulnérabilité, et 10 % des résidences principales seraient classées en catégories énergétiques F et G. Ces quatre dernières années, grâce aux aides du Département, 3 800 logements du parc privé ont été sortis de l’habitat indigne, ont bénéficié d’améliorations énergétiques ou ont été adaptés afin d’y évoluer en toute sécurité et en totale autonomie. L’habitat est, en effet, au cœur des préoccupations du Département, qui agit pour permettre aux habitants d’accéder et de se maintenir dans un logement adapté à leurs besoins et à leurs ressources. Chargé de coordonner au niveau local les financements de l’État, il mobilise également des fonds propres pour soutenir les propriétaires et les locataires rencontrant des difficultés.
Le Département s’appuie sur tout un réseau de partenaires – des bailleurs sociaux (dont Maine-et-Loire Habitat) et privés, les collectivités locales, des associations qu’il subventionne (CAUE 49, Adil 49…) – avec lequel il veille à un aménagement cohérent du territoire et bâtit le Maine-et-Loire de demain.
« Notre territoire ne connaît pas de réelles tensions dans le logement, nous avons plus besoin de qualitatif que de quantitatif, insiste Laurent Colobert, directeur de Maine-et-Loire Habitat. Nous devons être capables d’adapter notre offre à la réalité des besoins. » Cela passe par des projets spécifiques, innovants, moins consommateurs d’énergie et… d’espace. À Trélazé, 36 appartements d’un nouveau genre vont être livrés, en 2019, par le bailleur social dans le quartier de La Quantinière. Des logements fabriqués avec des containers, superposés et assemblés pour arriver à des immeubles de trois ou quatre niveaux à l’intérieur desquels escaliers et ascenseurs permettront de circuler dans les espaces communs. Le début des travaux est prévu au mois de décembre.
L’enjeu aujourd’hui est celui de la reconstruction de la ville sur la ville. Aux Alleuds, les rues aux noms de fleur n’ont d’ailleurs pas fini leur développement. Des espaces publics et une maison d’assistantes maternelles sont en projet au rez-de-chaussée d’un habitat collectif. Une intention innovante là aussi et stratégique : pour attirer les habitants ou les encourager à rester, les élus ont à cœur de revitaliser les centres-bourgs.
À Trélazé, 36 appartements innovants vont êtes livrés en 2019 dans le quartier de la Quantinière. Pensé dans un style industriel, ces logements répartis en quatre immeubles vont être fabriqués avec des containers superposés.
Redonner vie aux bourgs
À Champigné, une maison de santé pluridisciplinaire a ainsi été inaugurée en début d’année, au-dessus de laquelle trois logements locatifs, des T2, ont été aménagés.
« De deux médecins généralistes, nous sommes passés à quatre », témoigne Laurence Emous, secrétaire médicale depuis 15 ans. S’y sont ajoutés des infirmiers, un kinésithérapeute, une diététiciennenutritionniste, une pédicure-podologue, un ostéopathe et une psychologue. « Les patients y voient un vrai bénéfice, ils ont tout sur place », rapporte Laurence Emous. Pauline, qui habite Marigné, se réjouit de l’ouverture de la structure. Au gré d’une visite pour son bambin, elle a récupéré le nom de l’ostéopathe, qu’elle soufflera à son conjoint. Plus besoin de chercher désormais.
Aidée par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de Maine-et-Loire (CAUE 49), la commune déléguée de Brain-sur-l’Authion s’est lancée dans un projet similaire. Comme à Champigné, ce sont d’anciens ateliers communaux qui ont été réhabilités pour en faire des logements individuels, de plain-pied, des appartements, et y accueillir, en rez-de-chaussée, un pôle social composé notamment de la banque alimentaire, du relais assistantes maternelles et du centre communal d’action sociale. Au total, 21 logements forment ce nouveau quartier intergénérationnel. Le Département va au-devant des communes pour leur proposer de réfléchir, dans le cadre des plans « Anjou, cœur de ville » et « Anjou, cœur de village ». Si elles sont volontaires, il les aide à poser un diagnostic sur quatre thèmes : habitat, mobilité et espace public, équipements et services, résidence et commerce. Ensuite, le Département élabore des scénarios d’aménagement correspondant aux besoins identifiés. Grâce à cet accompagnement, Pouancé et Doué-la-Fontaine ont été retenues parmi 54 autres projets en France pour bénéficier d’une aide de l’État dans le cadre du programme de revitalisation des centres-bourgs.
À chaque âge son logement
À Beaupréau, 16 maisons Vivre son âge ont été construites par Maine-et-Loire Habitat. Monique Bouron habite l’une d’entre elles. À 79 ans, veuve, elle souhaitait un logement neuf, plus adapté à ses besoins. « En vieillissant, j’ai des soucis de santé qui apparaissent. Il me fallait quelque chose de plus petit que je pouvais entretenir. » En se rapprochant du cabinet médical, la septuagénaire, « une des plus jeunes du quartier », se rassure. Son habitation de plain-pied est équipée de volets roulants motorisés, de prises de courant et d’interrupteurs accessibles, de toilettes et salles de bains communicants, de bac à douche extra-plat, de barres de maintien… Installée depuis 2016, Monique se sent aujourd’hui « chez elle ». Elle qui « ne jette rien » a personnalisé son logement : les photos de ses enfants et petits-enfants trônent désormais sur le meuble du salon, ses chaussures sont soigneusement rangées derrière la porte du cellier...
Les locataires de la nouvelle résidence habitat jeunes de Baugé-en-Anjou apprécient de pouvoir se retrouver dans la salle collective le soir.
C’est un peu moins ordonné dans l’appartement de Gwendoline, à 100 kilomètres de là. Mais plus de 50 ans les séparent. La jeune femme de 27 ans loue l’un des 15 appartements de la nouvelle résidence habitat jeunes de Baugé-en-Anjou. En chantier d’insertion via l’association beaufortaise Étape, elle s’est recréé ici son « petit chez-soi » en y installant notamment une imposante peluche, sa mascotte de toujours. « En rentrant du travail, je passe par la salle collective, s’il y a du monde, je reste un peu. » Si un règlement définit les règles de vivre-ensemble, chacun est libre d’aller et venir. « La résidence s’adresse aux jeunes de 16-30 ans, indique Philippe Chalopin, maire de Baugé-en-Anjou et vice-président du Département. L’objectif est de les soutenir dans leur démarche d’insertion et d’autonomie. » Installé depuis quelques jours, Guillaume, 18 ans, a décroché un contrat d’apprentissage aux Jardins du Baugeois. C’est son patron qui lui a indiqué l’existence de la résidence. Sans elle, ce Sarthois aurait dû refuser l’emploi proposé. « Nous avons répondu ici à une vraie demande des chefs d’entreprise qui ne trouvaient pas de candidats aux postes proposés à cause de la problématique logement, souligne Philippe Chalopin. La résidence est un outil indispensable pour encourager la dynamique économique. Sa particularité est d’être gérée par le Centre communal d’action sociale. Nous élaborons ainsi notre projet au plus près des jeunes. »

Le Maine-et-Loire est le premier territoire à avoir lancé un plan départemental de l'habitat en 2008. Nombreux sont les habitats qui ont pu ainsi être améliorés ces dernières années. Nous poursuivons aujourd'hui dans cette dynamique en essayant de saisir toutes les situations. Pour repérer les conditions d'isolement ou de précarité, nous avons par exemple mis en place un partenariat avec La Poste et l'association des Locaux-Moteurs. Par l'intermédiaire des facteurs et de volontaires formés, nous pouvons engager des actions de repérage, discuter, informer les usagers, sur les aides qui s'offrent à eux. Dans le Vihiersois, près de 3 000 foyers ont été sensibilisés.