**Générique, musique hautbois et flûte** témoignages au rythme de la musique Voix de femme âgée “Je pense que de vivre en société, ça conserve.” Voix de femme “Je m’appelle Laura, j’ai 20 ans, je suis auxiliaire de vie à domicile.” Voix de femme à agée “C'est important de se rencontrer, c'est très important." Voix de présentation “Auprès de vous, un nouveau regard sur l'accueil du grand âge.” Voix d'homme “Oui, j'ai envie de donner un sens à ma vie, ouais, de me sentir utile.” Voix de femme “Je me repose sur ceux qui viennent, quand ils viennent.” Voix de présentation “Une série documentaire imaginée par le Département de Maine-et-Loire.” Voix de femme âgée “Du temps de mes parents et grands-parents, ça existait pas tout ça.” Voix d'homme “Comment donner plus de sens à mon activité professionnelle ?” Voix de femme “Il faut leur faire honneur à ces gens-là qui s'occupent des anciens.” **fin du générique** Voix de présentation “Épisode 4 : Ehpad ou la belle vie qu'il nous reste." voix de femme : "95" autre voix de femme : "94, vous voyez que c'est de la première jeunesse. Moi, ça fait 2 ans bientôt que je suis là.* Présentatrice "Renée et Léone, résidentes à l'ehpad de Sevret"* Échange entre Renée et Léone : "On s’est perdues de vue pendant quelques années, on se voyait plus." "Et puis on a renoué et on s'est retrouvées là." Renée "Ça aide quand même d'avoir une copine qui arrive" Léone "Ah bah c'est parfait, là c'était l’euphorie. 2 copines là c'est parfait." Renée "Je savais qu'elle était là. Bon, elle était contente de me voir arriver. Puis moi aussi, parce que faut dire que la maison de retraite est plaisante." Homme s’adressant à un groupe de personnes : "Bonjour, bienvenue à vous. Bienvenue dans la résidence de Sevret" * présentatrice "Christian Frémondière, directeur de l'ehpad de Sevret." Témoignage de Christiant : "Alors nous sommes ici à Saint-Georges-Des-gardes, c'est à quelques kilomètres de Chemillé, dans le sud du Maine-et-Loire. Nous accueillons 66 résidents, dans l’ehpad de Sevret. Maison de retraite, c'était le terme qui existait avant que soit institué le terme établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, c'est-à-dire EHPAD. C'est un terme qui est plutôt, on va dire plus bureaucratique et ça correspond à l'accompagnement en maison de retraite pour des personnes qui ont besoin de soins, qui sont plus dépendantes, qui ont un souci de sécurité chez elle, qui commencent à être désorientées. Et dont la famille est très inquiète, en tout cas, qui se dit “on peut pas laisser papa maman seule dans son appartement”. Dans ce contexte, donc nous rendons un réel service, c'est certain, surtout lorsque la désorientation s'accompagne par exemple, de troubles du caractère et du comportement. Les résidents viennent d'un rayon de 5 à 10 km et ici autour de cet établissement, ça crée pas mal de liens avec tout un réseau de bénévoles qui connaissent les résidents et des familles aussi, qui pour certaines, sont en proximité. Témoignage de Renée : “Quand on arrive dans un endroit qu'on connaît déjà du monde, ça fait pas pareil. Mon père était dans le commerce et il y a eu des enfants de clients que j'ai retrouvés et que je connaissais qui venaient des fois avec leurs parents à la maison. Et puis bon, comme on habitait dans le centre de Chemillé, dans le centre commercial avec mes parents, il y en a qui m'ont reconnu. Tiens là, Madame Thomas elle dit toujours “la dame de Chemillé”, je dis vous me connaissez ? bah oui, elle dit, je me rappelle bien de vous, on vous voyez à Chemillé, au marché et tout ça. J’ai trouvé énormément de gens que je connaissais, d’autres de vue. Donc j'étais pas dépaysée. Je suis parmi le monde, j'ai toujours vécu parmi le monde, alors j’aime un petit peu voir les gens. Voilà, on n'arrive pas à 94 ans sans avoir eu du contact avec tout le monde quand même, ou alors faut vraiment être comme une carpe." Témoignage Léone : "On bouge plus guère mais enfin faut que ça bouge quand même. Mais moi, c'est, je pouvais plus être chez moi, c’est plus possible. Alors j'avais une infirmière, c'était une amie de longue date, elle s'occupait de moi deux ou trois fois par semaine, me voir. Puis, un jour, je l'ai entendu discuter d'une maison de retraite et tout. J'ai commencé à monter sur mes grands tours. J'ai dit non, mais je suis pas encore là, j'étais pas prête, mais j'y suis mieux quand même. Un mois après, je ne regrette pas." Voix de femme : "Alors moi, c'est Nathalie, ça fait 27 ans que je suis dans le milieu. Je suis aide-soignante de métier, moi j'adore mon métier parce qu'en fait c'est que des gens qui vont nous raconter plein de choses et je pense que c'est enrichissant. Et puis on arrive à dialoguer avec ces gens-là et il y a tous les souvenirs qui remontent et je pense qu'ils ont beaucoup besoin de ça. C'est des gens qui ont besoin, qui ont une richesse du passé et qui ont besoin justement de se souvenir et de nous raconter tout ça et moi je suis preneuse. J'ai fait une formation pour pouvoir accueillir, donc ces gens-là, je suis ASG : Assistante de soins en gérontologie." Christian, s'adressant aux journalistes : "Là, nous allons écouter Bastien. Bastien, c'est un animateur qui régulièrement fait des revues de presse pour se souvenir de ce qui a constitué lees événements forts de la vie, de tout un chacun." Bastien s’adressant à un groupe de personnes âgés : "Alors les retraites, ça, on en parle encore, hein. Les retraites en France avec le référendum ? Voilà. Mais vous vous êtes pas concernés, hein ? Ça y est, c'est la retraite, vous l'avez ! Allez la météo aujourd'hui, un temps doux mais nuageux. Les brumes et les brouillards de l'aurore disparaissent petit à petit, les nuages se densifient de plus en plus au détriment des éclaircies passagères. Va falloir se couvrir, hein ? Et oui bon après, vous avez ce qu'il faut. Et puis, vous avez surtout connu à l'époque où l'électricité n'était pas encore. Là, hein, c'est ça, surtout c'est que, mais oui." **le public rie et échange avec l’animateur Bastien continue "Au chaud avec le feu de cheminée surtout qui chauffait, y avait pas les chauffages comme ici." Un dame dans le public “On tricotait les chaussettes de laine. Les tricots reviennent à la mode, je crois." Bastien lui répond "Vous aviez des méthodes qu'on n'utilise plus beaucoup aujourd'hui, mais qui pourraient revenir à la mode cet hiver, hein ? C'est toutes les astuces sont bonnes à prendre, hein ? Voilà Messieurs dames, je vous souhaite un bon appétit." ** applaudissements Témoignage de Bastien : "Bonjour moi c'est Bastien, j'ai 21 ans, je viens de Chemillé et je suis animateur coordinateur ici à la résidence de Sevret. Donc là il est midi et je viens de terminer la lecture du journal. C'est aujourd'hui officiellement mes 1 an en tant que animateur coordinateur ici. J'ai toujours voulu faire de l'animation même quand j'étais plus petit mais il y a encore quelques années je me projetais plus sur l'animation jeunesse à la base avant de commencer ma formation. Et j'ai fait des stages en EHPAD et j'ai tout de suite accroché. Tous les préjugés que j'avais en entrant dans l'établissement sont partis. On a toujours l'image quand on vient ici du résident qui dort, qui répond pas à ce qu'on lui dit. Et finalement, c'est dynamique et ça bouge et les résidents ont tellement de choses à nous apporter. Ils ont 90 ans d'expérience de vie à nous apprendre entre guillemets. Ils ont vécu la 2e Guerre mondiale pour la plupart, ils me racontent et c'est leur expérience qu'il faut garder et qu'il faut raconter au futur. Je pense que je fais ce métier, surtout pour ça, c'est pour le relationnel, pour la personne âgée, mais en fait on peut tout faire ici en animation avec eux. Pour l'instant, j'ai un projet pour l'été 2023 où j'aimerais accompagner des résidents pour un séjour d'une semaine au bord de la mer. Il est jamais trop tard pour leur proposer des choses et pour refaire avec ce qu'ils ont fait dans leur vie. Je pensais pas pouvoir proposer autant de choses et aussi variées." Bastien annonce au groupe “Donc cet après-midi, on vous propose la gym avec Lauryne comme tous les mercredis, le premier groupe à 15h15 et le second à 16h voilà. Donc n'hésitez pas à aller dans la salle à manger. Bon après-midi !" Témoignage de Nathalie : "C'est un métier où on donne beaucoup de sa personne. Beaucoup, alors aussi bien en énergie mais psychologiquement aussi, il faut avoir beaucoup de patience. Quand vous avez une personne qui va vous répéter 50 fois la même chose, je peux vous dire qu'il faut une certaine patience. Dire “STOP bon allez je me centre sur moi, je vais lui dire les choses mais calmement.” Alors il y a des fois oui, on peut être un petit peu plus énervé et ben après on se dit “non”, faut se recentrer sur la personne. Et puis on a les psychologues qui sont là aussi et ça ça fait du bien aussi, ça nous donne un petit peu d'élan quand des fois on est en souffrance aussi parce que c'est ça, on vit avec les gens, on a la vie mais il faut se dire qu'on a la mort aussi et ça c'est pas évident toujours parce que nous aussi on a notre vie personnelle. Et des fois ça peut déteindre un petit peu sur notre ville et ça prend des fois de l'ampleur mais bon... voilà donc on est une équipe, on essaie de trouver des solutions quand on peut avec nos moyens. Et je pense que c'est important ça, dire les choses même quand on est en souffrance, dire “Ben ça va plus”. Il faut pas s'enfermer dans son petit cocon et puis se dire “Bon bah de toute façon demain on verra ?” - non - je pense qu'il faut vraiment dire les choses et c'est comme ça qu'on avance." Témoignage de Christian : "Nous sommes une équipe de 45 équivalents temps plein, ça correspond à 60 personnes avec les personnes à temps partiel. Alors, c'est un régime associatif non lucratif, c'est très important de le signifier puisqu'en fait notre but c'est de servir le résident et d'équilibrer simplement les comptes en fin d'année. Mais en aucun cas de réaliser des dividendes ou des bénéfices comme ça pourrait se réaliser dans des groupes privés lucratifs. Donc nous tenons vraiment à ce qu'il n'y ait pas d'amalgame. Nous sommes privés associatifs non lucratifs et en plus reconnus d'utilité publique." Témoignage de Nathalie : "Je pense qu'auparavant déjà, on avait cet accueil de personnes dépendantes, mais c'est vrai beaucoup plus jeunes et je pense que la médecine a fait un grand pas au niveau traitements, au niveau de plein de choses et les gens vont plus loin, arrivent plus tard. Mais c'est très bien parce que je me dis, “ils vivent dans leur maison le plus longtemps possible” parce que je pense que c'est une étape de venir ici, donc c'est toute une chose, tout un parcours à faire avec eux. C'est ça aussi. Et je pense qu’il y en a qui qui arrivent très bien à gérer, puis d'autres moins bien alors faut accompagner tout le monde." Témoignage de Renée : "On quitte pas sa maison comme ça. Moi ça faisait 70 ans… bah j'ai réfléchi hein, mes enfants m'en ont parlé, les premiers temps ça me plaisait pas trop. Puis de mine de mine, on vieillit, on voit qu'on peut plus. Alors faut se décider, je me suis décidé pour là mais je regrette pas. Oui, c'est difficile, on quitte pas toutes ces affaires comme ça et puis le quartier quand même ! Certaines personnes qui vous rendaient des grands services, y à des gens qui étaient très serviables mais bon on peut pas vivre quand même sur le dos des gens à vous rendre service, alors faut quand même prendre une décision. C'est pas que je suis d’un tempérament à être angoissée mais quand vous êtes toute seule dans une maison et puis vous pouvez pas, vous hésitez à aller chercher votre pain parce que ça vous fatigue, aller au marché (elle soupire) on est habitué au marché on y allait plus… vous voyez que vous vivez un peu retiré de tout le monde hein. Tandis que là, on revit quand même, on côtoie des gens qu'on a connus même alors je trouve que pour nos vieux jours, c'est pas mal." Témoignage de Léone : "Quand on ne peut plus on ne peut plus et puis moi j’ai pas d'enfants autour de moi, j'en ai qu'un et il est à 1000 km de moi. Alors pour venir tous les week-ends c'est pas possible… Je suis toute seule et là j’ai des amis, c'est différent." Témoignage de Christian : "Les familles, lorsqu'elles viennent avec leurs proches pour une entrée en EHPAD, sont partagées entre une certaine culpabilité de se dire « mais finalement on va confier nos parents parce que on n'a pas les moyens, nous, de pouvoir l'accompagner directement ». Donc on confie à d'autres, il y a cette appréhension, ce lâcher prise qui va être nécessaire, et puis le soulagement de se dire « là elle sera en sécurité, elle aura des repas équilibrés, il y aura du lien social ». Lorsque les personnes arrivent ici, on a reçu tout à l'heure une famille avec le médecin coordonnateur et l'infirmière référente, les questions, c'est : quel meuble je vais pouvoir amener de chez moi ? Parce qu'en fait, ce qui est très difficile, c'est de quitter un domicile, c'est de tourner cette page, le domicile où j'ai élevé mes enfants, où j'ai vécu des jours heureux avec mon conjoint, donc je quitte tout ça pour arriver dans un tout petit domicile où je vais avoir seulement quelques meubles. Nous nous employons à les rassurer en leur disant « il faut que ce soit votre nouvelle demeure, vous allez élire résidence ici donc personnalisez ce lieu, c'est chez vous, il faut que vous vous y sentiez progressivement à l'aise. » *Témoignages croisés de Léone et Renée Léone : "J'ai apporté ce petit meuble-là pour avoir toutes mes photos, celui-ci aussi sous la télé et puis je crois bien que c’est tout. Mes cadres aussi mais c'est tout. Autrement tout était là, la table était là, le lit aussi, alors je me suis installée comme une reine on peut dire." *elle rit* Renée : "Pareil, 2 ou 3 petits meubles comme ça avec ma télé, un fauteuil et puis des photos, beaucoup de photos ! J'ai même amené ma photo de mariée, je voulais pas, puis c'est mes enfants qui ont voulu que je mette ma photo de mariée au mur. J'ai dit « je vais pa m'exposer comme ça » *rires* par contre j’ai amené aussi une photo de mon mari et de ma fille. Je les ai perdus tous les 2 en 2 mois alors je tenais à les avoir. J'ai 2 jumelles qui ont 69 ans et un fils de 50 ans. Il y avait de l'écart, j'ai perdu celle qui était entre. On est pas avec nos enfants, mais on n'est pas malheureux quand même. Ils viennent nous voir, ils nous oublient pas. Il y a le téléphone, donc on peut parler. On vit pas en recluses ici hein" Témoignage de Christian : "Ce que j'ai pu noter comme évolution du public accueilli en 15 ans, c'est des personnes qui arrivent, dépendantes, qui commencent à avoir des troubles de la mémoire ou qui ont une bonne raison d'arriver ici. Ça veut dire que vraiment en domicile, ils ont épuisé toutes les pistes possibles d'accompagnement et donc les personnes viennent frapper à la porte des EHPAD." * Échange entre les deux amies Léone, récite un poème: "Faut savoir vieillir, ça peut vous arriver un jour. Vieillir, c'est se l'avouer à soi-même, devenir bon, devenir doux. Aimer les jeunes comme on aimait les fleurs et on aimera l'espoir. Se laisser ignorer tout en restant près d'eux, prier et faire un peu de bien autour de soi. Et puis un beau soir, discrètement, souffler la flamme de sa lampe et mourir parce que c'est la loi." Renée encourage son amie: "c'est bien, 10 sur 10 ! Y a des petites larmes des fois…. " Léone : "Va falloir qu'on parte ensemble, autrement ça va pas coller." Renée : "On sera peut être exaucées" ** générique de fin, musique hautbois et accordéon** voix de présentation “Vous venez d'écouter le quatrième épisode de la série Auprès de vous. Merci à Renée et Léone, Nathalie, Bastien, Christian et à toute l'équipe de l'EHPAD de Sevret à Saint-Georges-desGardes pour leurs témoignages et leur confiance. N'hésitez pas à partager cet épisode s'il vous a plu et permis de découvrir une nouvelle manière de vieillir ensemble. Écoutez et réécoutez l'intégralité de la série sur toutes vos plateformes d'écoute de podcast. Rendez-vous sur le site du Département de Maine-et-Loire pour découvrir plus de ressources sur les EHPAD. Ce podcast a été conçu et réalisé par Logarythm. Interview : Zoé Sfez, prise de son : Clément Dattée, réalisation sonore : Anna Holveck, mixage : Martin Delafosse. Auprès de vous, une série documentaire imaginée et produite par le Département de Maine-et-Loire.” **fin du générique**