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Danièle Sallenave, fantassin lettré de la République

Membre de l’Académie française depuis 2011, l’écrivaine née de parents instituteurs laïcs à Savennières, porte un attachement particulier à l’Anjou. Son dernier roman, « L’Églantine et le Muguet », en est la parfaite expression.

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« Me voici donc revenue dans le village de mon enfance, mais pour quoi faire ? Pour vérifier quelque chose : de quoi était fait l’héritage que j’ai reçu, ici, de mes parents, dans la "classe unique" de ma mère, l’héritage républicain. Par nostalgie ? Pour faire le bilan ? Sans doute. Mais surtout, parce que c’est l’époque qui le veut. » En quelques lignes, parmi les premières de son dernier ouvrage « L’Églantine et le Muguet », Danièle Sallenave résume une vie, la sienne, tout entière tournée vers la curiosité, un ardent désir de transmission et un combat de toujours pour l’idéal républicain.

Ce village d’enfance, c’est Savennières, en bord de Loire, où l’écrivaine est née aux premières heures de la Seconde Guerre mondiale. Là où, dans cet « Ouest conservateur et clérical de l’Anjou », ses parents instituteurs laïcs ont élevé leur fille unique tout en forgeant un caractère entier, et libre.

L'Anjou dans le texte

Si son dernier roman, « L’Églantine et le Muguet », se déroule exclusivement en Anjou, notamment sur les traces de sa famille et de son enfance, ça n’est pas la première fois que Danièle Sallenave évoque sa terre natale dans ses écrits. Son « Dictionnaire amoureux de la Loire » laisse ainsi une large part à son ascendance angevine. De manière plus anecdotique, l’académicienne en parle également dans « Castor de guerre », le récit qu’elle a consacré à Simone de Beauvoir : entre 1939 et 1948, l’intellectuelle a séjourné à plusieurs reprises avec Jean-Paul Sartre dans le village de La Pouëze.

Le voyage, pour aiguiser la curiosité

5 femmes
avec Danièle Sallenave font partie des 36 Immortels de l’Académie française : Hélène Carrère d’Encausse, Florence Delay, Dominique Bona et Barbara Cassin.

Voilà bien longtemps que Danièle Sallenave a quitté sa terre ligérienne pour rejoindre Paris : des études de normalienne et l’agrégation de lettres classiques, des succès littéraires puis, en 2011, le fauteuil n°30 de l’Académie française, occupé avant elle par le « roi maudit » Maurice Druon.
Un parcours sans faute, mais pas sans aspérité, qui a vu la femme de lettres garder les yeux ouverts sur le monde, d’une Italie chérie aux confins de la Russie, en passant par les territoires palestiniens. Le voyage, parce que «  le monde se donne à celui qui bouge ».

C’est un tout autre voyage, intérieur et intellectuel autant que géographique, que Danièle Sallenave a entrepris ces six dernières années. La mort de sa mère, en 2002, lui rendait douloureux le retour aux racines. L’écriture a rendu ce retour possible : d’abord par le biais d’un « Dictionnaire amoureux de la Loire » en 2014, puis pour la préparation de « L’Églantine et le Muguet ». « J’ai pris l’habitude de me laisser hanter par le passé, mais un passé qui vit dans le présent », avance Danièle Sallenave. Début 2017, l’académicienne a donc installé son « camp de base » à Savennières, pour des excursions plus ou moins longues, souvent incisives, dans ses lieux de mémoire qui constituent aussi des lieux d’histoire.

La laïcité, question fondamentale

Cholet-Combré-Trélazé, ce « triangle fatal », comme elle l’appelle, qui convoque à la fois son histoire personnelle (son père est l’un des fondateurs de l’Églantine de Trélazé, en 1935), celle de l’Anjou, et plus largement celle de la République. Avec, au centre, le beau mot laïcité, sans cesse réinterrogé, ces temps-ci, par « un républicanisme pur et dur, un nationalisme identitaire, un universalisme abstrait fermé à toute revendication d’appartenance », écrit Danièle Sallenave.

Comme toujours chez elle, le verbe est délicieux quand il évoque la poésie des paysages ligériens à laquelle elle reste particulièrement attachée. « J’ai une attirance magnétique pour la Loire, ses métamorphoses m’émerveillent, c’est la référence ultime », explique l’écrivaine, qui avoue avoir un faible « pour Chalonnes, ses quais et son île. La ville a un charme très particulier et sa proximité avec les Mauges me renvoie à mes origines ». Inconditionnelle de l’abbaye de Fontevraud, curieuse de l’austérité, du bocage et des mines segréennes, Danièle Sallenave et sa plume deviennent tranchantes et sans fard à l’heure d’évoquer les paradoxes angevins et français du XIXe siècle : le « lourd passé de la guerre de Vendée », le poids religieux de grands noms de l’Anjou…
« Le combat n’a de sens que s’il sert à assurer ce qu’il faut pour inventer l’avenir », insiste Danièle Sallenave. Elle a fait le choix de scruter dans le passé pour s’y conformer.

video Youtube « Danièle Sallenave dévoile son nouveau livre en Anjou »

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