Reportage publié dans le magazine Anjou & Vous n°2 de novembre-décembre 2019
Qu’il n’en doute plus une seconde : Jarry est là, et bien là. À la radio, à l’écran (grand ou petit) sur scène… Vingt ans après avoir quitté l’Anjou qui l’a vu naître et grandir, le comédien multiplie les projets. « J’ai toujours été comme ça, j’ai beaucoup de mal avec les creux dans un emploi du temps », commente-t-il.
Plus que son long compagnonnage avec les stars de la petite lucarne que sont Arthur et Stéphane Bern ; plus encore que la notoriété – « à la fois jouissive et oppressante, elle n’est finalement que la conséquence d’un long parcours »- c’est le succès remporté par ses one-man-show donnés à travers toute la France qui réjouit Jarry.
Atypique, qui l’a révélé, et Titre, qu’il vient de créer, drainent un large public, sans distinction de lieu, d’âge et d’origine. « La priorité, c’est que mes spectacles soient familiaux, tous publics. J’ai envie que ce soit une évidence pour tout le monde. Il ne doit y avoir aucune zone de non-droit quand il s’agit de l’intention noble de faire rire ».
Cette évidence, c’est la conviction profonde et empirique que « le théâtre, la danse et la comédie servent à bien autre chose que de jouer et danser ». Longtemps formé à l’école du théâtre forain après avoir fait ses armes dans la compagnie de danse hip hop Exprime, au sein du CNDC, Jarry fait remonter à l’enfance sa passion pour la scène. « J’ai un souvenir très fort des fêtes de village, à Beaulieu-sur-Layon, qui fédéraient des gens de tous âges et de tous styles. Je trouvais ça fascinant.
Jarry –le nom de jeune fille de sa maman- était alors Anthony. Un gamin introverti qui ne goûtait guère, au contraire de ses frères, aux joies de la chasse, de la pêche et du judo. « Je ne m’y retrouvais pas. Pas plus qu’à la boule de fort, dont ma mère est une championne départementale : ça m’endormait tellement le truc est long », rigole-t-il aujourd’hui. « Les gens me disaient que j’étais atypique. Pour moi, atypique, c’était la description d’un appartement pour une annonce immobilière… Mais c’est ce qu’on me renvoyait ».
Pudique et secret à l’heure d’évoquer Anthony, ce prénom qui lui « permet de savoir qui sont mes amis d’enfance », Jarry retrouve à chaque fois qu’il revient chez lui, à Rablay-sur-Layon, « un endroit intime. C’est le même sentiment que quand je fais de la plongée sous-marine ! C’est à chaque fois un baume extraordinaire. Ma famille m’a donné la liberté de faire ce que j’avais envie de faire, même si ça n’était pas leur délire ».
L’artiste y puise une force certaine, au cœur d’une terre angevine dont il est « fou amoureux : La Doutre, la rue Lenepveu où j’ai vécu, le Lac de Maine, le layon, le quart-de-chaume, le Grand Théâtre… tout ça me renvoie une image de douceur. Je n’oublie pas que c’est la ville où on a traité Christiane Taubira de singe », rappelle Jarry, qui a assumé son homosexualité depuis plus de 15 ans. Mais l’Anjou n’est pas une terre de radicalité ».
Papa depuis 2016, Jarry a depuis le sentiment d’être « entré dans l’éternité, après avoir longtemps fait le deuil d’être père. Je comprends aussi mieux mes parents, les questions d’éducation, les peurs, les doutes. Tout ça nous ramène à l’infiniment petit », conclut-il. Avant de formuler un vœu pour l’avenir : « Continuer à avoir sept ans, et l’innocence d’un enfant ».

Bio express
- 1977. Naissance à Rablay-sur-Layon.
- 1999. Quitte Angers pour Paris et devient comédien.
- 2009. Tourne dans « Bambou » de Didier Bourdon.
- 2013. Début de son spectacle « Atypique ».
- 2014. Rejoins l’émission « Vendredi, tout est permis » d’Arthur.
- 2019. Lancement de son nouveau spectacle « Titre ».